Une biographie éclair
Je suis né à Jallieu, dans l’Isère (comme mon illustre confrère Frédéric Dard) un 19 septembre 1937. Enfance à la campagne, sous le signe de la guerre et de l’occupation, études secondaires avortées au lycée Champollion à Grenoble d’où je suis éjecté à la fin de la 3e, pour être engagé comme dessinateur aux Ponts et Chaussés de 16 à 20 ans. Une période de latence, où je commence à écrire des (mauvaises) nouvelles de science-fiction fiction, genre pour lequel je suis un grand lecteur depuis ma découverte, à sept ou huit ans, de La Guerre des mondes de Wells, en même temps que je compose à la guitare des premières chansons dans la lignée de Georges Brassens, Félix Leclerc et celui qui deviendra mon maître en la matière : Stéphane Golmann. J’entre aux Arts Décoratifs de Grenoble en 1957, pour en sortir trois ans plus tard nanti d’un Certificat d’Aptitude à l’Enseignement (CAFAS), ce qui me permet d’enseigner le dessin pendant un an (au lycée Champollion !). Puis c’est le service militaire en Algérie, où la guerre se termine, pour être rendu à la vie civile en mai 1963. Tout en reprenant des études aux Beaux-Arts, qui se soldent par l’obtention en 1965 du Diplôme National Supérieur des Beaux-Arts, dont je ne suis pas peu fier, j’enseigne à nouveau jusqu’en 1969, date à laquelle une "compression des postes artistiques" m’oblige à devenir écrivain à temps plein.
Si, parallèlement à l’enseignement, je poursuis entre 1963 et 69 de nombreuses activités annexes (journaliste vite spécialisée dans la critique cinématographique dans une quotidien régional; peinture; auteur-compositeur-interprète qui m’amène en 1968 à être finaliste de la " Fine Fleur de la chanson), c’est l’écriture qui mobilise l’essentiel de ses efforts créatifs. Après des parutions dans divers fanzines – je n’oublierai jamais « Lunatique », publié par Jacqueline Osterrath qui la première m’a accueilli – ma première nouvelle professionnelle est publiée dans le magazine FICTION en mai 1968 – signe du destin s’il en est – mon premier roman suivant à un an et demi d’écart, soit Les Hommes-machines contre Gandahar, qui voit le jour dans la prestigieuse collection « Présence du futur » de chez Denoël où, jusqu’à sa disparition en 1999, je serai le Français le plus publié. Quitte à prendre un peu d’avance, je dois signaler que Gandahar m’accompagnera ma carrière durant, puisqu’adapté au cinéma en 1987 sous la forme d’un dessin animé de long métrage réalisé par René Laloux sur des dessins de Caza ; que j’écrirai en ordre dispersé six autres romans (le dernier en 2023 !) sur cet univers ; et qu’une « Intégrale », nouvelles comprises, sera éditée fin 2024 chez Mnémos. Pour le reste, je parviens à publier chaque année trois ou quatre ouvrages en moyenne (romans, recueils de nouvelles, travaux en commun), essentiellement chez Denoël et au Fleuve Noir où je signais au départ sous le pseudonyme d’Alphonse Brutsche, puis peu à peu chez d’autres éditeurs : J’ai Lu, Livre de Poche, Flammarion, Magnard, Nathan, Baleine, etc., élargissant ma production, passant de la s-f au fantastique, à l’horreur, au livre pour la jeunesse, au policier...
Mon activité dans la presse culmine dans les années 70 où je publie nouvelles, critiques, études diverses et dans Fiction où je me suis lié de manière très proche à son directeur Alain Dorémieux, et dans le Mensuel Charlie, où j’avais été appelé par Wolinski. J’intègre également à sa naissance en 1973 la revue de cinéma L’Écran Fantastique que vient de créer Alain Schlockoff et où j’œuvre aujourd’hui encore, ainsi que, depuis sa naissance en 1971, La Gueule ouverte, « le journal qui annonce la fin du monde », premier magazine français consacrée à l’écologie militante et voulue par Pierre Fournier, sans oublier des passages dans des titres plus éphémères, souvent militants.
À partir des années 1980, on peut dire que ma route sera toute tracée et que je n’en dévirai guère, avec des hauts et des bas bien entendu, pendant les quatre, puis cinq décennies qui vont suivre, où j’ajoute quelques cordes à mon arc : des recueils de poèmes, des ouvrages littéraires (Gueule de rat) ou érotiques (Tout à la main). Quelques repères surnagent, comme le Prix de la science-fiction pour la jeunesse en 1982 avec La Fée et le géomètre, le Grand Prix de la Science-fiction française en 1990 pour Sukran, le Prix Julia Verlanger en 2006 pour Le Monde enfin, un cycle de nouvelles sur la fin de l’homme commencé 30 ans plus tôt avec la nouvelle-titre et qui verra sa version augmentée, donc définitive, renaître en 2020. En 1983, un " Livre d’Or" réunissant mes meilleurs textes de l’époque est réalisé par Patrice Duvic pour Presses Pocket. La même année est publié Le Travail du furet, dystopie qui, de toute ma carrière, a bénéficié du plus grand nombre de rééditions (6 au total), pour être adapté à la télévision en 1994 par Bruno Gantillon, avant de passer à la bd entre 2004 et 2007 sous la forme de trois albums dessinés (magnifiquement) par Afif Kaled. Le traité La Nécessité écologique, promu par le Ministère de l’Environnement est publié en 1994 par un petit éditeur, … car rien n’a d’importance, devenu depuis H&O éditions. Mes souvenirs de jeunesse, Je me souviens de Grenoble, sort en 2000 aux Presses universitaires de Grenoble. Et pour en finir avec les ouvrages marginaux, citons La Forteresse sacrifiée, récit historique sur le drame du Vercors de juillet 1944 (2006).
Toujours cinéphile et à jamais rédacteur pour l’Écran Fantastique (et, depuis 2000, au magazine Rhône-Alpes Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné), les éditions Rouge Profond publient en 2013 une encyclopédie cinématographique à laquelle je travaillais depuis une dizaine d’années : Cent ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction, plus de 1000 pages illustrées, que suivront d’autres études cinématographiques, comme Anthologie des dystopies (2000) ou Frankenstein (2024) et, la même année, un autre volume de poids, Un siècle de sf écrite et dessinée vue en France de 1920 à nos jours.
Cinéphile comme on l‘aura compris, j’ai réalisé 5 courts-métrages, le premier, Nul n’y survivra, en 1971, le plus récent, Presque déjà la fin, en 2020, tous deux sur une de mes bêtes noires, le nucléaire. Diffusion plus que confidentielle. La peinture, jamais abandonnée, me voit réaliser une vaste peinture murale, " le mur des galaxies", à la Maison d’Ailleurs, musée international de la science-fiction, à Yverdon (Suisse) en 1990, que suit une exposition personnelle à la mairie de Grenoble en 1993, et d’autres ici et là. Plusieurs albums graphiques sont publiés à partir de 1990 par …car rien n'a d’importance, citée plus haut (Attention science-fiction, Les Chats, Les Éléphants), puis par d’autres “petits” éditeurs : Au pied de la lettre, Ho lala, qu’est-ce que je tiens ce matin !, et enfin, en 2023, Nous n’avons qu’une Terre, dessins écologiques et politiques qu’on peut aussi retrouver ici : https://salon.io/andrevon-dessine
En 2007, je renoue avec la chanson grâce à ma rencontre avec le musico amateur de sf Bruno Pochesci. Un premier CD de 15 titres, Je viens d’un pays, sort en octobre 2007, accompagné d’un recueil de textes : Cent-et-une-chansons. Cinq autres suivront, très confidentiellement, jusqu’en 2019 avec quelques concerts à la clé. Une collaboration riche, à laquelle la maladie de mon complice, parti vers un monde meilleur en octobre 2024, a mis malheureusement fin. Sans doute, entre les lignes de ce palmarès, ai-je volontairement passé sous silence d’autres travaux encore qui auraient pu s’amasser sur tout autant de pages. Le travail de toute une vie, en quelque sorte. Mais cela est bien suffisant, vous ne croyez pas ? Pour le reste, les librairies sont toujours ouvertes….